Merci à Denis Le Vraux et au groupe Ellébore grâce à qui j’ai appris cette belle chanson Angevine . Elle vient d’un recueil de François Simon : “Chansons populaires de l’Anjou” (1926 ) . D’autres versions ont été collectées notamment en Bretagne : à Marzan , à Pontivy … La jeune batelière s’est montrée plus rusée que ce “vieux lourdaud” qui voulait abuser d’elle !
Les basses et accords de la portée grave sont destinés à accompagner le chant comme on le ferait à la guitare .
On peut jouer certains de ces accords à deux doigts en même temps que la mélodie et les placer selon son goût .
- Ce sont les messieurs de la cour , après souper vont faire un tour
Ils s’en vont le long de la rivière , c’est pour jouer avec la batelière . - Belle batelière dans ton bateau , voudrais-tu m’y faire passer l’eau ?
Montez , montez , dans ma faible nacelle , là tous les deux passerons la rivière . - Quand dans l’bateau il fut monté , la bell’ a voulu caresser .
Tout beau , monsieur , un peu de patience , nous ne sommes pas dans un lieu d’assurance . - C’est vrai , la bell’ tu as raison , je vois d’ici t-une maison ,
Dans la maison l’y aura t-une chambre , nous parlerons de nos amours ensemble . - Belle vos amours sont-ils chers , pour cent écus , peut-on savoir ?
Pour cent écus , mon avantage est bonne , pour trois cents francs , mes amours sont les vôtres . - L’beau monsieur a mis ses gants blancs , s’est mis à compter son argent .
Tenez , tenez , de l’or en abondance , prenez-en tant que vous serez contente . - Quand la bell’ a pris son argent , changea d’humeur bien promptement ,
Ell’ a donné un coup d’pied en arrière , au bord de l’eau était la batelière . - Revenez belle , revenez , j’ai cent écus à vous donner .
Tes cent écus , en aurais-tu cent mille , va , vieux lourdaud , je suis fillette habile . - Qu’est-ce-que vont dire tous mes parents de m’voir rev’nir sans mon argent ?
Tu leur diras , qu’en passant la rivière , tu as joué avec la batelière .
On remarquera la richesse des rimes ou assonances du texte ainsi que le jeu du “vous” et du “tu” .
Au début l’homme se permet de tutoyer la jeune fille et elle lui dit “vous” . Elle prend progressivement le dessus , les'”tu” et “vous” s’inversent et c’est elle qui a le dernier mot . La batelière était une avant-gardiste des droits des femmes . Félicitations , mademoiselle !